Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 Jan

Les ventes par les musées

Publié par Le proprio  - Catégories :  #vente par les musées, #musées, #collectionneur d'art, #van Buuren, #Detroit Institure of Art, #Detroit, #Christie's, #Ermitage, #droit de préemption

Parmi les collectionneurs d'art, les plus grands sont évidemment les musées. Le plus riche des hommes ne pourraient constituer une collection à l'égal d'un des grands musées de la planète, fruits d'une existence de longue de plusieurs vies et de financements étatiques. D'autant plus qu'ils sont riches d’œuvres inestimables. Tout à un prix, certes, mais à force d'acquérir de l'inestimable le trou dans un budget se ferait sentir... Ceci, pour la valeur, mais quant à égaler le volume des œuvres contenues dans les salles et réserves du British...
Or donc, voici de grands collectionneurs, qui gèrent leur patrimoine. Et gérer signifie pour tout un chacun acheter, mettre en valeur, arbitrer et vendre. Dans le brillant esprit français, il est inconcevable qu'un musée se sépare d'une seule œuvre. Et pour cause, en France, les collections publiques sont inaliénables et les musées nationaux ou locaux (municipalités, collectivités territoriales etc...) ne revendent donc rien. C'est là l'application du principe juridique de l'inaliénabilité des biens publics, ce qui exclut en conséquence le patrimoine classé "privé" des collectivités et établissement publics.
Si les musées français sont des châteaux-forts garnis de coffres-forts, peut-on dès lors les qualifier de collectionneurs? Peut-être s'agit-il plutôt de savants amasseurs ouverts au public.
Les musées privés, bien entendu, ne connaissent pas cet interdit. L'unique limitation résiderait dans le respect des statuts de l'association ou de la fondation. Le cas échéant, la menace de l'exercice du droit de préemption -sur lequel nous reviendrons - peut réduire la liquidité des biens mis en vente.
Cette prévalence du droit de propriété s'est rencontrée à l'occasion d'une vente par le musée van Buuren d'une cinquantaine d’œuvres pour un total de 3.200.00 euros le 8 octobre 2013. Nombreux étaient les Belges qui on grincé des dents, mais rien n'y a fait. La morale était sauve, cependant, car le produit de la vente était destiné à financer la rénovation de ce sublime lieu de culture : jardin et villa autant que collection.
A l'étranger en revanche, le tabou est moins marqué, le pragmatisme primant les grands principes.
Evidemment, non soumis à des contingences humaines et aux aléas de la vie, la perspective d'un bénéfice ne sera généralement pas la motivation d'une cession. Les non français étant aussi attachés que les français à leur patrimoine culturel, le moteur sera plus la nécessité. Citons les ventes par le musée de l'Ermitage en 1930 et 1931 de toiles de maîtres hollandais et italiens afin de soutenir la gourmande révolution prolétarienne.

La cession muséale la plus actuelle est celle décidée par la municipalité de Détroit afin de combler partiellement son gouffre financier abyssal, plus exactement celui du fonds de pension des employés municipaux. Le Detroit Insitute of Arts, reflet de l'ancienne richesse de la ville et de ses illustres industriels, détient nombres de chefs d'oeuvres, dont, par exemple, la "Danse de mariage" de Pieter Bruegel.
Le produit de ces ventes s'élèverait entre 454 et 867 millions de dollars selon la maison de vente Christie's chargée de l'évaluation préalable. Seraient cédées seulement 5% des œuvres exposées; c'est dire...
Toutefois, la vente d'oeuvres d'art par un musée peut également avoir un intérêt pratique : libérer de l'espace de réserve, recentrer une collection, céder des oeuvres mineures etc... Des motivations d'un collectionneur normal.
Finalement, la réalisation d'un bénéfice ou le perception d'un prix de vente n'est pas antinomique à la volonté d'une cession. Qu'y aurait-il de scandaleux à ce qu'un musée public céde une ou plusieurs oeuvres afin de nourrir de nouvelles acquisitions?
Alors que les musées pourraient être des collectionneurs d'art presque normaux, il est regrettable que les musées français publics ne puissent gérer pleinement leurs collections, d'autant plus quand l'es exportations d'oeuvres sont limitées par le droit de préemption.

Business oblige, on imagine mal le Louvre se tirer volontairement une balle dans le pied et céder la Joconde füt-ce à un bon prix!

Ah! Et une petite précision valable pour tout musée : quand l'Etat ou un musée est devenu propriétaire par le jeu d'une donation ou d'un testament stipulant une interdiction de cession ou une obligation d'exposition, là, il n'y a pas à tergiverser : point de vente possible. La preuve : le musée de Detroit et Christie's en ont tenu compte...

Danse de mariage de Pieter Bruegel - A vendre (pas en soldes)

Danse de mariage de Pieter Bruegel - A vendre (pas en soldes)

Commenter cet article

À propos

rencontres entre collectionneurs et amateurs d'art